L’après. Il y a eu la crise sanitaire, le Covid 19 avec ses rescapés et ses morts.
De la douleur. Beaucoup. Il y a eu le confinement. Il y a eu la privation de la liberté de circuler. Il y a la folie du Monde toujours ici et là. Cette folie qui broie la nature
et les destinées humaines. Il y a la vie, nos vies qui se trimballent dans un malstrom que nous maitrisons pas. L’existence et son chaos. L’univers, le Cosmos, l’infini.
La fuite du temps. Le temps. Les religions qui vitrifient les consciences. L’argent qui se prend pour Dieu et Dieu qui se prend pour Marx. Les idéologies de A à Z. Le règne du baratin, du mensonge. Le meilleur des mondes suspendu aux fanges de ses immondices.
Un mix pathogène. La philosophie et l’ordinaire du quotidien. Le banal.
Nous regardons nos peurs phagocytées dans les pixels de nos écrans. Nous les multiplions à l’envie. La vie en rose. Un désastre. Le déversoir des complots.
Ras la moumoute. Nous vivons à l’ouest à côté de nos pompes. Nos vies domestiquées aux ordres du profit sont bien plus complexes que cette image que nous nous renvoyons à nous même. Miroir oh mon beau miroir effraies moi, tourmentes moi. Nous sommes engourdis par l’injonction d’exister dans un confort en kit, prêt à l’emploi, cyprès bancaire. Le bois des morts.
Ce monde craque. Plein le cul. Qui sommes nous ? De modernes Cro-Magnon encagés saisis par l’angoisse de disparaître à cause d’un minable virus qui ne nous a rien demandé et qui n’en a rien à foutre de l’existence de notre l’humanité.
Nous sommes vulnérables. C’est la nouveauté. Les politiques nous bassinent de poncifs, ce n’est pas nouveau, c’est leur métier. Tristesse et désespoir.
Faut-il déserter pour autant le navire? Non. La vie c’est la vie. Nous ne connaissons rien d’autre de plus exaltant, de plus excitant et de plus chiant.
Faut faire avec, faut la changer, la bousculer, la réparer.
Nous sommes sur les crêtes d’infernales catastrophes écologiques.
Inutile de se mémorer un inventaire à la Prévert fait des calamités et des désastres annoncés. La liste est longue. Nous sommes les généreux artisans de cette entropie.
Il faut quitter ce monde avant qu’il nous tue.
L’artiste est une éponge. Il écoute. Il note. Il gobe tout. Il absorbe tout jusqu’à l’indigestion. Il mélange tout. Il marie la carpe et le lapin. Il se saoule.
Il dit des bêtises, il va à Cambrai. Se contredit. Vérifie l’invérifiable.
Il bricole, ne trouve pas. Il se questionne. Il se casse la gueule. Il efface tout.
Il recommence. Pourquoi ? Il cherche un chemin, une voie dans le creux des langages. Ressourcer les langages, les décaper pour imaginer d’autres possibles.
C’est le terrain de ses de jeux et de son je. Il sait qu’il sait sans trop savoir la nature de ce qu’il sait. C’est le paradoxe de sa curiosité. Il farfouille dans l’indéterminé.
Il prend son temps dans ses oublis. C’est sa manière d’écouter et de regarder le Monde, de le donner à voir. Une pâture dans un chant de mines, un grand lit pour les rêves des concordes futures. Mécanicien des émotions,
il porte à autrui l’état sensible et poétique d’une société en rupture de bans.
Amer, il rêve le goût du vrai. Sa médication. Lookace Bamber, juillet 2020